PARCHEMIN, matériau très recherché à partir de veau, chèvre, mouton ou âne ?
Des peaux préparées avait déjà été utilisées pendant un ou deux millénaires avant que le « parchemin » proprement dit (mot dérivé de pergamena, « peau de Pergame ») ait été perfectionné vers le IIème siècle av. J.-C. à la bibliothèque de Pergame, ancienne citadelle d’Asie Mineure située au nord de Smyrne, à environ 25km de la mer Egée. Aujourd’hui son nom est Bergama en Turquie, dans la province d’Izmir.Le parchemin désigne une peau de couleur claire apprêtée par un artisan parcheminier. Il est connu comme support à l’écriture ; le papyrus, utilisé en Occident jusqu’au VIIème siècle, laisse place ainsi à un matériau issu du monde animal. Il sert aussi en musique, dans la facture instrumentale de bien des instruments du monde et égalent, pour ce qui nous intéresse plus particulièrement, en gainerie d’ameublement.
Les peaux animales (de chèvre, de veau, de mouton, de porc, d’agneau ou encore d’âne - la plus souvent employée pour les pièces de grande taille) sont dégraissées et écharnées pour ne conserver que le derme. Par la suite elles sont trempées dans un bain de chaux, raclées pour ôter facilement les poils et enfin amincies, polies et blanchies avec une pierre ponce et de la poudre de craie. Une fois la préparation achevée, on peut distinguer une différence de couleur et de texture entre le « côté poil », dit « côté fleur » et le côté chair. Selon l’animal, la qualité du parchemin varie (épaisseur, souplesse, texture, couleur, …).
Dès la fin du VIIème siècle le parchemin remplace donc le papyrus grâce à ses multiples propriétés : résistance, durabilité extrême, souplesse, et permettant également le pliage. Il fut le seul support des copistes européens au Moyen-Âge et jusqu’à ce que le papier apparaisse et ne le supplante.
À la fin du XIVème siècle, il est utilisé essentiellement pour la réalisation de documents précieux.
Dès les années 1920, Jean-Michel Franck et Adolphe Chanaux ont été les principaux créateurs de meubles utilisant le parchemin ciré ou verni. Sa délicatesse au toucher et sa luminosité font du parchemin, un symbole de luxe.
Associés au début des années 30, Franck et Chenaux proposent, dans leur galerie du 140 faubourg Saint-Honoré, des créations dépouillées et élégantes dans lesquelles le parchemin sera associé à d’autres matériaux, tel que le palissandre, le chêne, les bois exotiques, la nacre, le galuchat... Marcel Coard, lui aussi un des premiers utilisateurs de ce matériau, s’autorise à provoquer un contraste en alliant sa douceur à la rudesse du fer, créant ainsi des pièces uniques d’où émane puissance et élégance, pour les studios du grand couturier Jacques Doucet.
Si les matériaux inédits sont les ressorts essentiels du travail de Franck, il n’en fait pas pour autant l’apologie. Bien au contraire, il les appauvrit pour servir l’esprit de la décoration de ses intérieurs dans lesquels on ressent une sensibilité aigue de la matière car il préfère les maintenir dans leur apparence d’origine en jouant sur les défauts.
Les Arts-Décoratifs sont avant tout une industrie qui repose sur des réalités économiques. Hommes d’affaires avisés, Adolphe Chanaux et Jean-Michel Franck, travaillant comme des ensembliers, c'est-à-dire en décorateurs capables de considérer un intérieur et son mobilier à chaque commande.
Franck voit un rapport entre l’architecture de Le Corbusier et les bâtiments du moyenâgeux à l’intérieur dépouillé ; ceux-ci ne prenant pas le dessus quand on veut les associer aux œuvres comme celles d’Alberto Giacometti ou Jean Prouvé. Par ce souci de se limiter à l’essentiel, il répond aux exigences esthétiques définies par le manifeste de l’Union des Artistes Moderne – UAM. Il sait mieux que tout autre que l’Art Décoratif est fonctionnel et que c’est donc le souci de l’utilisation du matériau qui doit primer.
Il faut croire que l’œuvre de Franck correspond aux attentes de Louis Aragon qui gardera les lampes en parchemin du décorateur jusqu’à la fin de sa vie ; comblèrent celles de Pierre Guerlain, Charles de Noailles, François Mauriac, Cole Porter et Nelson Rockfeller qu’il rencontre lors d’un voyage à New-York et lui commande la décoration de son appartement situé dans le Rockefeller Center.
Ainsi, murs et plafonds, paravents, armoires, bureaux, coiffeuses, sièges, tables et guéridons ainsi que lampadaires et abats jours trouveront leurs places au côté du « canapé Lèvres » de Salvador Dalì vers 1938 et ce pour satisfaire la sensibilité de l’homme moderne.
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